A mi-chemin entre Villefranche-de-Lauragais et Castelnaudary, Avignonet-Lauragais est un village à l’histoire mouvementée. Qui pourrait croire que cette paisible commune, bercée par le canal du Midi, fut au XIIIème siècle le théâtre du massacre des Inquisiteurs, événement majeur dans la lutte que menait l’Eglise catholique contre les cathares ?

UN VILLAGE REMARQUABLE À L’HISTOIRE MOUVEMENTÉE

De près comme de loin, la visite du village commence par la vue sur le clocher de l’église Notre Dame des Miracles d’Avignonet. Votre regard sera irrésistiblement attiré vers son sommet culminant à 50 mètres de hauteur. Puis, en déambulant dans les ruelles, vous remarquerez que les constructions sont faites en pierre blanche (en grès calcaire, pour être précis). Cette caractéristique distingue le village par rapport aux autres situés dans le midi toulousain, tous bâtis en brique rose…

Vous serez également séduit par la belle tour en poivrière située au cœur du village qui autrefois faisait partie de son système de fortification. Accolée à cette tour se trouvait une grande porte fortifiée qui permettait de contrôler les allées et venues des habitants et des gens de passage…C’est d’ailleurs par cette porte, disparue au XIXème siècle, que le convoi des chevaliers  « faydits » (dépossédés de leurs biens et suspectés d’hérésie) pénétra dans la nuit du 28 au 29 mai 1242…

Avignonet lauragais église champs

LE MASSACRE DES INQUISITEURS

Difficile d’imaginer la scène qui s’est déroulée cette nuit-là, dans ce petit village aujourd’hui si tranquille. Et pourtant…une cinquantaine de chevaliers venus de Montségur avait cavalé 2 jours durant pour arriver jusqu’à Avignonet, avec une mission redoutable en tête : massacrer les inquisiteurs.

Il faut dire que ces derniers étaient redoutés par la population. A leur arrivée, un silence de plomb tomba sur le village, car tous savaient qu’il ne suffisait que de deux témoignages pour se retrouver au bout d’une corde ou dans le feu. Les inquisiteurs étaient chargés de faire abjurer leur foi cathare aux plus récalcitrants, n’hésitant pas à recourir au chantage et à la torture pour obtenir des aveux.

Reconstitution historique de « La chevauchée des Faydits »

Grâce à la complicité des habitants, les chevaliers faydits parviennent en toute discrétion jusqu’au château où les inquisiteurs étaient hébergés… Ils s’engouffrent dans un escalier et démolissent les portes et pénètrent enfin dans la chambre où dormaient les inquisiteurs. Une douzaine de haches s’abattent sur eux, c’est un carnage !

LES SOMBRES HEURES D’AVIGNONET

Vous vous en doutez, les représailles furent très lourdes pour les habitants du village qui furent les complices de ce massacre. L’église fut fermée pendant 40 ans. Plusieurs miracles furent relatés lors de sa réouverture : les cloches sonnèrent à la volée jour et nuit et on découvrit, un matin, sur le porche, une statue dorée de la Vierge…L’église actuelle a été remaniée au XIVème et XVème siècle et porte depuis le nom de « Notre Dame des Miracles ».

Parmi les assassins, beaucoup d’entre eux partirent se réfugier en Italie. C’est surement pour cela que la tour en poivrière porte aussi le nom de « porte Lombarde ». Un parfum d’Italie flotte à Avignonet….

Le saviez-vous ?

Le culte de la Vierge à Avignonet commence dès le Moyen-âge : en effet, l’église primitive était dédiée à Notre Dame la Belle. Au XVIème siècle, le pape rend cette dévotion officielle: dans une bulle datée de 1537, il affirme que tous les fidèles venant prier à Avignonet le premier mardi du mois de juin recevront une indulgence plénière. En d’autres termes, ils seront pardonnés de tous leurs péchés !


A la nuit tombée, la foule se rassemble et porte en procession la statue de la Vierge dorée dans les rues du village. Les fidèles portent des cierges, les fameux « candélous » et accompagnent en chantant le cortège. Pour clôturer ce pèlerinage, tout le monde vient se placer au niveau de la porte du fond de l’église et parcourt le monument à genou jusqu’au sanctuaire. Une façon pour les Avignonétains de demander pardon pour la tragédie à laquelle leurs aïeux ont pu prendre part !

LE RENOUVEAU D’UNE VILLE COMMERÇANTE

Après les heurts et malheurs des siècles passés, Avignonet revit grâce au commerce. Sa situation géographique lui confère un certain avantage : elle se trouve sur un axe routier majeur permettant de relier Toulouse à la Méditerranée.  Cette voie, connue sous le nom de Via Aquitania, était utilisée dès l’Antiquité par les romains.
Vous aurez un petit aperçu de son tracé si vous vous rendez rue de la Tour de Guet à l’endroit où se trouve le petit banc : de là, on domine parfaitement la campagne lauragaise ! En plus d’être idéal pour une courte pause, vous verrez aussi le tracé de cet axe toujours emprunté aujourd’hui : il s’agit de la N113 reliant Toulouse à Carcassonne. 

Draps, toile, soie, laine…le commerce du textile battait son plein à Avignonet lors de marchés et de foires dès le XVème siècle. C’était une ville réputée pour la qualité des tissus qui s’y vendait. Villefranche-de-Lauragais a fini par prendre le dessus au siècle suivant grâce au commerce du pastel.

Promenez-vous dans la Grand’Rue : vous pourrez voir de nombreuses façades de maisons cossues du XIXème siècle. D’ailleurs, si vous êtes observateur, vous pourrez voir des dates de construction gravées au-dessus des portes d’entrée ! 
Nous vous conseillons, pour parfaire la découverte du village, de vous perdre dans les escaliers qui descendent de la Grand’Rue : vous pourrez ainsi aller toucher du doigt le mur d’enceinte qui défendait autrefois la ville …

Insolite !

Si vous voulez en savoir plus sur le monde paysan du Lauragais, rendez-vous sur le blog d’un passionné du Lauragais, Sébastien Saffon.

SORTEZ ET (RE)DÉCOUVREZ LES ALENTOURS ENTRE AMIS !

Aujourd’hui, le village s’inscrit dans une dynamique résolument moderne : chaque été le Festival d’Avignonet vous fera vivre des moments festifs à travers des concerts ou des spectacles. Découvrez aussi les marchés nocturnes et leur ambiance conviviale ou venez chiner lors de la foire d’automne, fin octobre, le rendez-vous des collectionneurs et amateurs d’objets anciens ! 

En contrebas du village coule le canal du Midi : si vous souhaitez vous mettre au vert, allez faire un saut à l’écluse double d’Encassan ou l’écluse d’Emborrel, toutes deux construites vers 1670.